mercredi 29 juillet 2015

Procès

 Proces 1963 15 g
—Nom et prénom ?
—Joseph K.
L’inspecteur Ké Winn regarda le gardé à vue, assis sur la chaise devant son bureau. Un homme calme, absent comme si les questions répétées et posées par les policiers, depuis plusieurs heures ne le concernaient pas. L’interrogatoire coinçait. Il ne répondait que
—Joseph K !
A la rigueur :
—Je suis Joseph K !
Ce n’était pas la première fois qu’un client résistait par le silence ou en répétant la même chose tout le temps. M ais l’expérience de Ké Winn lui disait que cet homme-là, en face de lui était vraiment esquivé, vraiment désintéressé par ce qui se passait dans ce poste de police.
—On a bien compris, tu es Joseph Ca, mais…
—K !
Une voix ironique le corrigea. La porte ouverte brutalement et sans que nul ait frappé laissa passer la silhouette de Prad Bit, dit ”Bit Defender”, l’avocat renommé et bien connu de l’inspecteur Ké Winn. Il avançait à petits pas et malgré sa corpulence d'un wrestler, d'un catcheur comme on le disait avant, il portait son costume de grande marque avec souplesse et son allure flirtait avec l’élégance
—K ! Mon client s’appelle Joseph K. Bonjour inspecteur. Bonjour Mura. Je suis venu dès que , j’ai appris que vous étiez en train de commettre, de nouveau une bavure. Mais je vous empêcherai de vous couvrir de ridicule. Ne me remerciez pas, laissez-nous tout simplement partir d’ici, mon client et moi.
—Doucement, doucement …
—Bien évidemment, mon cher inspecteur, bien évidemment, je vous donne une explication, ce document à l'appui. Mon client est hors de tout soupçon. Il ne peut pas être accusé, tout simplement, parce que ce n’est pas son procès.  Voici un acte officiel, je vous lis :
Joseph K. est présent dès le début, on le rencontre au moment même où l'on ouvre le ” Procès ” de Kafka !
Maître Bit regarda Ké Winn et répéta en articulant lentement et exagérément, juste  les trois derniers mots Procès de Kafka !
Le gardé à vue suivit son avocat avec la même indifférence, qu’il avait eu tout au long de ce procès, qui n’était pas le sien et même, qui n'était pas tout court.  Mura, la belle agent de l’équipe de Ké Winn tenta de quitter le bureau, en même temps, avec l’avocat et son client.
—Mura !
Elle se tourna vers son chef. Ké Winn était debout.
—C’était bien toi qui avais mené cette enquête ? Alors voilà….. tu as 24 heures … Tu prends qui tu veux de l’équipe et pendant les cinq premières minutes de la vingt-cinquième heure, je veux le voir ici, sur cette chaise, capichi ? Je veux le voir ici, ce Cafca ..
—Kafka !
Elle réussit à fermer la porte derrière elle, très rapidement, ce qui n’étouffa que très modérément le hurlement de colère de Ké Winn. Quelques minutes plus tard il entendu la voix lui parlant à travers la porte fermée. La voix de Mura.
—C'est à cause de moi ou plutôt grâce à moi que vous avez libérer Josef K.
—Mais il n'a rien fait que je sache !
—Justement !



mercredi 22 juillet 2015

Ce vent sourd



Un arbre, c'est la vie.
Je l'ai dessiné avec son ombre que la lune allongeait au sol.
Un vent sourd vint avec la guerre et effaça son ombre, l'ombre de l'arbre à côté, les ombres de tous les arbres de la forêt.
Les gens de la colline le poursuivaient et lui arrachèrent ombre par ombre. Jusqu'à la dernière. Mais ils sont tous mort. Jusqu’au le dernier.
Personne ne le dira. Tout le monde fermera les yeux en passant à côté du fleuriste et sa boutique vide. Les femmes ont pris les fleurs et ont couvert les chemins avec des feuilles , avec des fleures et avec des larmes.
Personne ne touchera les fleures. J'y pose le dessin de mon arbre avec son ombre.


mercredi 15 juillet 2015

Le cheval de Troîka


Long, très long, trop long .... C'était cool, c'est vrai, mais un peu trop long. Au départ c'était génial, c'est sûr et surtout inattendu. Méga surprise, même. A peine la bagarre s'est tassée on s'est trouvés sur le plus rapide des bateaux à naviguer au hasard des humeurs des dieux, surtout ceux de Poseïdon, à se trimballer d'une aventure à l'autre. On va dire see, sex and sun quoi. Et du vent. Du bon vent. Enfin pas tout le temps, des fois le vent devenait violant mais on s'en sortait. Vrai, on a eu quelques pertes, quelques côtes cassées mais, on ne peut pas passer des années à voyager, et quelles putain de voyage de rêve sans laisser deux, trois copains au bord de la route, la route maritime, bien évidement. Mais la majorité de l'équipe rentre, fatiguée ma&is saine et sauve et c'est le principal. On rentre chez nous finalement ! On n'est plus loin. Nan. C'est qu'on était près, même.
Le boss a une fâcheuse tendance à laisser traîner ses larges épaules devant moi ou bien, c'est moi, son second qui lui colle tout le temps au dos, en tous les cas, en ce moment j'étais encore à rien voir derrière lui. Lui oui, il la voyait. Il paraît que c'était la bonne, la nôtre, cette fois. Nous sommes enfin chez nous. Impressionné par l'importance du moment je tremblotai et pire encore je me sentis faible. Je croyais avoir oublié ce mot. Vomir. Et puis non, voilà qu'après vingt ans de croisière avec des potes entre les Cyclades et autres îles connus et inconnus il me revint une envie à gerber , et à rendre tout ce que j'ai retenu pendant ce temps fou qui est resté derrière nous.
- Arrête-le ! Je vais...
- Arrête-la, arrête la barque! Je vais... et puis non, qu'est-ce que je raconte, oublie, oublie, je peux gerber par-dessus le bord à bâbord, à tribord au, ya du choix ...
Il ne m'entendit même pas, Heureusement
- On y est, regarde, regardez les gars ... elle est la plus belle ... ya pas de photo c'est la plus belle !
- C'est quoi photo ?
- Sais pas mais c'est fort comme expression, non ? Qu'est-ce que t'en dis ?
- Ouais.
- C'est tout ?
- Tu veux quoi, au juste : que je m'extasie ? Photo ? Allez, c'est pas mauvais mais sans plus.
- Non, putain. Bien sûr que non. Je te parle de ce qui est devant nous, notre île ! Eh, les gars on est chez nous, définitivement on est les meilleurs !
Les cris, individuels au départ se réunirent dans un seul hurlement assourdissant, si fort que l'on n'entendit même aucun bruit au moment où les gamelles en fonte jetées en l'air touchèrent le pont en retombant.
Le regards d'un sanglier halluciné les gars se précipitèrent tous vers la proue pour la voir finalement. Elle était là à peine à cinq minutes de nage devant nous. Tout le monde plongea dans la mer. Quelqu'un cria : larguez les amarres, mais ce qui fut largué ce fut l'idée même de larguer quoi que ce soit et de nager vers la plage couverte de sable jaune comme de l'or, le sable d'Ithaque. Quand les garçons sentirent le fond sablé il se mirent à marcher poussant de l'eau à côté, à gauche et à droite avec une frénésie époustouflante. Les premiers sortis de la mer se jetaient sur la plage et pleuraient et riaient en même temps allongés, épuisés et heureux. Le patron, son chien Argos et moi nous étions les derniers. Argos se mit à renifler autour de lui et puis le long de la plage en s'aventurant un peu dans la partie boisée derrière la rive.
Il sent, il sait que nous sommes chez nous. Mais ce que le petit chien ne savait pas c'était qu'il y avait d'autres clébards dans les parages. Heureusement qu'il avait gardé sa vélocité malgré le long séjour sur un bateau. Nous le vîmes courir vers nous chassé par deux gros chiens noirs. Le patron le prit dans ses bras mais ce n'était pas ce qui arrêta les deux autres. Ceux qui essayaient de les calmer se retrouvèrent par terre. Ils avaient la force d'une ourse ces chiens-là. Tout d'un coup ils se tournèrent et partirent en courant vers deux hommes qui les sifflaient et qui se rapprochaient de nous. On avait été absent longtemps oui, c'est incontestable, on revient sans prévenir, c'est pas faux non plus mais c'est à nous ce putain de bout de terre que les dieux ont fait émerger de la mer pour nous le confier. Que ces étrangers se soient égarés avec leur barque et qu'on les retrouve sur notre île ça passe encore mais qu'ils laissent leur tueurs noirs nous attaquer, trop c'est trop. Le capitaine posa Argos par terre et partit à leur rencontre. Ils s'arrêtèrent devant nous et nous regardaient avec pas mal de dégoût et avec beaucoup d'autorité.
–Qui êtes-vous ?
La voix d'Ulysse, la voix du roi légitime ne les impressionna pas plus que les aboiements d'Argos n'avaient effrayé les deux bêtes.
– Wer seid ihr ? Hier ist ein privat Bezitz !
- Pas possible ! Mais c'est des Francs ! Ce sont des Germains ! Ils demandent qui nous sommes.
C'était Ritalix, le seul Romain parmi nous qui les comprit, il avait beaucoup voyagé et pouvait comprendre les peuples du nord. Ceux du sud aussi mais ceci n'avait pas d'importance dans notre situation où on n'avait que ces deux rouquins devants nous.
– Ah bon, alors voilà, moi aussi je vais être franc. Qu'ils dégagent leurs gros ventres hors de mon île. Est-ce que je vais moi avec Argos squatter les bords du Rhin ?
Ritalix traduit et eux ils restaient sans bouger. Nous étions, tout de même une petite armée et nous pensions les chasser en avançant d'un pas vers eux. Sauf que ces types n'avaient pas franchement le profil à avoir peur. Ils ne reculèrent même pas d'un pied. Ils sifflèrent et quelques instants plus tard nous vîmes arriver des hommes, presque les mêmes que les deux autres, tous plutôt blonds, la plupart plutôt gros, plutôt bien armés.
Ils nous entourèrent et le plus âgé d'entre eux expliqua quelque chose aux siens à mi-voix et puis il nous parla à nous. Il parlait notre langue même s'il prononçait les mots bizarrement. Avec un accent franc, quoi.
– Respecté Ulysse et les autres valeureux marins, nous vous souhaitons la bienvenue sur l'île d'Ithaque.
Il se lança dans un long discours. Les mecs, je veux dire nous, les Grecs, déjà fatigués commencèrent à s'assoir l'un après l'autre abasourdis par ce que ce putain d'orateur à l'accent nous servait. Bref : pendant que nous nous bagarrions avec ce malabar Polyphème et pendant que nous étions mille fois mis en danger par des méchants ou par des tempêtes terribles sur des mers connues et inconnues il se trouve que les rois restés douillettement chez eux ont dilapidé tout l'or et tout le pognon et pour s'en sortir ils ont vendu des trucs, des trucs différents, comme par exemple notre île Ithaque. .
- Et Penelope ? Et mon fils Télémaque ?
- Penelopeu, répondit le vieux Franc menteur, elle est la cuisinière en chef d'Itakahof, une maison de repos et de vacances. Et Le jeune Télémaque est le guide touristique. Le tourisme est le nom donné à la traditionnelle hospitalité locale mis au service commerciale.
.
Militairement nous ne pouvions pas nous y opposer. Fatigués, abattus par cette nouvelle, moins nombreux nous ne pouvions que rejoindre notre bateau.
Ulysse est le plus malin de tous, il va trouver une parade, pensais-je. Je ne m'étais pas trompé. Vers minuit il vint vers moi, je ne dormais pas. Personne ne dormait. Il me dit
– Te souviens-tu de l'histoire de cette fille que Zeus vit un jour se promener au bord de la mer.
- Oui, oui, il tomba follement amoureux d'elle, prit la forme d'un taureau..
Je vois que tu sais. Avec elle il est parti et ils se sont unis et ils ont eu trois enfants ... Ses trois frères la cherchèrent partout et ils amenèrent un peu partout le savoir et la culture phénicien et de plus loin. Cette fille s'appelait Europe. Allons la chercher allons la rappeler la nuit où elle traversa la mer sur le dos de ce taureau qui était Zeus, allons lui dire que nous pensons que cette mer et les cailloux dans cette mer, les îles ne peuvent pas être vendus, qu'elle doit les défendre et que nous sommes avec elle et que nous nous battrons pour elle, même avec une révolution s'il le faut ..
- C'est quoi ‘'révolution''
- Sais pas mais c'est fort comme expression, non ?
- Oui, oh oui putain !

mardi 14 juillet 2015

Stardancing for thr wolves







I am not good at dreaming. In a dream, I always see myself sat, leaning against the wall and scared, shivering against the dream.

The delightful humming of the night never reaches me. But, I can't hear the witches scream either. My nights are voiceless, like the souls of those who were murdered.

When the night falls, I know that wolves are out. I know that they see me, and I know that they are howling.

I know! The wolf with my name had told me, he had promised me, but I can't hear them. I tell myself that it's normal, that it is the same for all who had never looked at the moon.

My moon, even in the nights when it's full, is nothing but a black sun. All of my nights are the night of my birth, the night of the dancing stars. That was the night my mother sacrificed my brothers. It wasn't the night of sacrifices. The midwife left, carrying my secret with her.

The life was promised to me, and I live it. The rules of the night are out of my reach, but I had lived among the wolves, so I know.

One day, the night fell. I heard them. The wolf with my name:

You are dreaming and you can hear me... I told you! I made you a promise.

And then I saw them climbing against the steep slope of the hill just above my river. The moon, the full moon illuminates them.

The fairest among the stars invites me to dance. That is something you can't refuse, not even in a dream.

We dance.

I can't hear the wolves any longer.

The slope and the hill are barely visible.

We are too high up.

We dance.

I can't see the hill.

But, they can see us - the star tells me - You are now like me. We are the stars.

We dance.

The night... the river...